Maxynne, par ici ! Je me tourne dans la direction de la voix qui m’appelle. C’est Ellen, ma sœur complètement folle. C’est à cause de l’une de ses fameuses super idées que je suis actuellement dans l’aéroport le plus proche de Greenville, en Caroline du Sud, avec mon uniforme d’infirmière et mon sac de paquetage de l’armée des États-Unis. Je la rejoins, elle m’embrasse en me sautant au cou. — C’est tout ce que tu emportes ? — C’est le package autorisé et traditionnel, Ellen. — Oh, alors je comprends mieux pourquoi Charlotte a dû se faire créer toute une gamme de sacs pour emporter ses affaires. — Quoi ? — Oui, regarde, elle nous a offert une trousse de toilette chacune ! Ellen sort de ses bagages le dernier modèle de coffre fort imprenable en matière de cosmétiques, le tout en vert et kaki avec en symbole les ailes d’un ange. — Ce n’est pas une trousse de toilette, c’est un coffre à tiroirs ! — Ne ronchonne pas, mets-le dans ton sac poubelle. — C’est un sac de paquetage, Ellen, un sac de paquetage. Et elle ne passe pas dedans. Ellen lève les mains en l’air pour les secouer dans tous les sens afin de me faire comprendre qu’elle se fiche totalement du nom que porte mon sac conforme. — Alors tire-la à côté de toi, regarde, elle a une poignée et deux adorables roulettes ! N’est-ce pas trop mimi ?! — Super joli… — N’est-ce pas excitant ? Nous allons traverser le monde, Maxy ! — Ellen, je ne suis pas sûre qu’« excitant » soit le meilleur terme pour cette aventure. — Oh arrête de faire ta ronchonne, tu le reverras, ton Brooster. — Merci beaucoup, cela faisait trente-deux secondes que je ne pensais plus à lui. Trente-deux secondes de perdues. Merci. Et Brooster va arriver, il est parti garer la voiture. Alors sois gentille. — Allez, Maxynne, tu sais que je n’aime pas lorsque tu es morose. Regarde, voilà Charlotte qui arrive ! En effet, notre amie d’enfance, Charlotte, arrive avec toute une cargaison de sacs aux diverses formes et au motif camouflage, sauf qu’au lieu du vert kaki, les siens arborent une variation de tons roses et violets. Le tout est poussé par un soldat qui a du mal à regarder autre chose que l’arrièretrain de Charlotte, qui, dans le terminal de cet aéroport, déambule telle une princesse aux longs cheveux roux lui descendant jusqu’aux reins sous le regard des autres militaires. — Bonjour Ellen, Maxynne. — Bonjour ma douce, lui dit Ellen en lui sautant au cou. — Bonjour sa douce, lui réponds-je. — Oh, mademoiselle nous fait un caca nerveux ! Mais pourquoi donc ? … Oh ! Attends, laisse-moi deviner.
Chut ! Chut ! Je réfléchis. Charlotte met son doigt sur son menton pour appuyer sa réflexion tout en me faisant un énorme sourire. — J’ai trouvé ! Ton Brooster ne vient pas avec nous. — Non, c’est juste qu’il est 3 heures du matin, Charlotte. — Et tu crois que là-bas, ils vont faire attention à l’heure avant de débarquer pour les soins ? — Je sais, mais je ne suis pas du matin. Alors on n’insiste pas, s’il vous plaît. Charlotte lève les mains en l’air un instant, puis se tourne vers le soldat qui est toujours en pleine observation de son postérieur. — Regarde, ce gentilhomme a bien voulu me pousser mon chariot. N’est-il pas extrêmement adorable ? dit Charlotte en lui envoyant un bisou de sa main. Le soldat récupère son sac vert sur le tas de sacs rose et violet et va rejoindre ses copains, qui lui font des tapes sur le dos. Totalement désobligeant. — Maxy, mon amour. Brooster est revenu, il se tient devant moi avec deux gobelets de café. Il m’en tend un et m’adresse l’un de ses sourires que j’aime tant. — Merci, mon Indien. Il me rapproche de lui et me serre dans ses bras. — Tu as pris tous les trucs de Sue ? — Mon sac en est plein, Sue m’a gâtée, c’est une véritable mère pour moi. Et puis ne t’inquiète pas, ce ne sont pas les médecins qui manquent. — Tu vas me manquer, n’oublie pas que je t’aime. — Je t’écrirai, et internet existe aussi, là-bas ! Il m’embrasse avec passion. Nos lèvres s’entrouvrent dans un mélange de saveurs pendant qu’il m’enlace de ses bras. Entre le goût du café et du dentifrice, ce n’est que du bonheur. — Tiens, me dit-il en me tendant un paquet. — Brooster, tu sais que je n’aime pas les surprises. — C’est juste un paquet, ouvre-le plus tard, si tu veux.
— Mesdemoiselles Keating et Douglas ! Nous nous tournons toutes les trois, d’une seule femme, pour nous retrouver face à notre supérieur. Nous le saluons. — Rompez, mesdemoiselles. Nous embarquons dans quinze minutes précisément, alors pas de retard, nous dit-il en fixant les valises de Charlotte. — Oui, chef. Il fixe Brooster d’un drôle d’air et se retourne en faisant claquer ses talons. Nous commençons à réunir nos affaires et les filles saluent Brooster, me laissant seule avec lui pour lui dire au revoir. Il m’embrasse. Des familles se séparent, des civils pleurent, prenant leurs proches dans leur bras. Des soldats lancent les derniers mots de réconfort et d’amour, les dernières promesses avant de s’éloigner vers la zone d’embarquement. Quelques poignées de main, quelques tapes viriles sur l’épaule, un sourire ou une parole. Et les voilà partis pour une nouvelle escale. — À très vite, mon Indie
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